beef for three - (forsyth)
:: rp oubliés
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Gabriel était prêt.
Et Gabriel était content.
Content, parce que recevoir des nouvelles de Nell était forcément une bonne nouvelle. Il n'avait pas eu ce petit pincement au coeur à la savoir mariée, plutôt cette fierté de la confirmation. Ce je me doutais qu'elle allait trouver un mari un jour, ce contentement par procuration. En couple, tous les deux, ça avait été un désastre. En amitié, il espérait bien qu'ils soient tous deux contents. L'ajout de ce mari à l'équation était peut-être l'occasion rêvée de faire une nouvelle connaissance amicale et Gabriel s'en réjouissait.
Prêt parce que du coup, il avait pris le temps de réfléchir à un menu. Gabriel avait déduit les évidences. Jeune couple, installé depuis peu, qui sait s'ils avaient seulement une casserole en fonte (même non émaillée) ? Un presse-ail ? Un hachoir ? Bref, qui sait s'ils avaient le minimum d'ustensiles culinaires nécessaires à la survie ? Il valait mieux leur apporter le repas. Et puis ça ne l'encombrait pas, il cuisinerait un peu plus au restaurant et rapporterait un plat mitonné avec le confort de sa cuisine professionnelle faite sur mesure.
Tout consacré qu'il était à l'élaboration d'un menu cool mais pas too much, qui marque le coup mais n'en fasse pas des caisses, Gabriel avait à peine eu le temps de googler le nouveau nom de famille de Nell. Il était d'ailleurs bien embêté par ses recherches, atterissant systématiquement sur la page d'un type qui faisait des trucs de bonhomme, du MMA, de la grosse bagarre. Le cuisiner s'était amusé. Imagine que ce soit le mari de Nell.
Hahaha.
Mais imagine.
Il avait un peu moins ri. Dans le doute, il avait fait quelques recherches sur ce monsieur, avant de se sentir diffusément menacé par son palmarès sportif et le fait que s'il en croyait les photos, les biceps d'Alby Forsyth étaient aussi gros que ses propres cuisses. Quand bien même il fait du vélo tous les jours, de la course à pied et du surf.
Mais le mari de Nell n'avait pas d'allergie, c'était bien tout ce qui comptait. Le chef avait évité le poulet, même s'il ne voyait pas bien pourquoi. Dès fois que le mari soit juif, Gabriel avait prévu un menu casher. Et des fois qu'il soit musulman, il avait évité de cuisiner du porc. On ne savait jamais. A dix-huit heures trente tapantes, le chef de The good Plate avait enfourché son vélo Peugeot, sous le regard éberlué de sa barmaid qui ne l'avait jamais vu partir aussi tôt et avait levé le pouce en l'air en guise d'encouragement. Sa glacière sac à dos solidement arrimée, il avait roulé les vingt petites minutes qui le séparait de l'adresse envoyée par Nell. Il s'était changé au restaurant, sa chemise et son jean sentaient bon le propre, ses baskets étaient un état tout à fait acceptable pour un trajet en vélo et une soirée entre amis. Le cheesecake sans cuisson à la Ottolenghi, au miel et romarin était dans son plat en Pyrex. Le boeuf bourguignon avec un zeste de chocolat dans la sauce était dans une cocotte en fonte soigneusement fermée. Les deux étaient séparés par un torchon (propre) à carreaux, et le réalisateur Miyazaki lui-même n'aurait pas dénié la douceur qui se dégageait de ce trajet sous la lumière flatteuse de la Golden hour, dans une bonne odeur de cuisine.
En bref, Gabriel ne ressentait-il donc aucune angoisse sociale et se réjouissait-il de cette soirée.
Comme prévu selon ses calculs, il sonna à l'heure, le vélo sous le bras, la glacière sur le dos.
Et Gabriel était content.
Content, parce que recevoir des nouvelles de Nell était forcément une bonne nouvelle. Il n'avait pas eu ce petit pincement au coeur à la savoir mariée, plutôt cette fierté de la confirmation. Ce je me doutais qu'elle allait trouver un mari un jour, ce contentement par procuration. En couple, tous les deux, ça avait été un désastre. En amitié, il espérait bien qu'ils soient tous deux contents. L'ajout de ce mari à l'équation était peut-être l'occasion rêvée de faire une nouvelle connaissance amicale et Gabriel s'en réjouissait.
Prêt parce que du coup, il avait pris le temps de réfléchir à un menu. Gabriel avait déduit les évidences. Jeune couple, installé depuis peu, qui sait s'ils avaient seulement une casserole en fonte (même non émaillée) ? Un presse-ail ? Un hachoir ? Bref, qui sait s'ils avaient le minimum d'ustensiles culinaires nécessaires à la survie ? Il valait mieux leur apporter le repas. Et puis ça ne l'encombrait pas, il cuisinerait un peu plus au restaurant et rapporterait un plat mitonné avec le confort de sa cuisine professionnelle faite sur mesure.
Tout consacré qu'il était à l'élaboration d'un menu cool mais pas too much, qui marque le coup mais n'en fasse pas des caisses, Gabriel avait à peine eu le temps de googler le nouveau nom de famille de Nell. Il était d'ailleurs bien embêté par ses recherches, atterissant systématiquement sur la page d'un type qui faisait des trucs de bonhomme, du MMA, de la grosse bagarre. Le cuisiner s'était amusé. Imagine que ce soit le mari de Nell.
Hahaha.
Mais imagine.
Il avait un peu moins ri. Dans le doute, il avait fait quelques recherches sur ce monsieur, avant de se sentir diffusément menacé par son palmarès sportif et le fait que s'il en croyait les photos, les biceps d'Alby Forsyth étaient aussi gros que ses propres cuisses. Quand bien même il fait du vélo tous les jours, de la course à pied et du surf.
Mais le mari de Nell n'avait pas d'allergie, c'était bien tout ce qui comptait. Le chef avait évité le poulet, même s'il ne voyait pas bien pourquoi. Dès fois que le mari soit juif, Gabriel avait prévu un menu casher. Et des fois qu'il soit musulman, il avait évité de cuisiner du porc. On ne savait jamais. A dix-huit heures trente tapantes, le chef de The good Plate avait enfourché son vélo Peugeot, sous le regard éberlué de sa barmaid qui ne l'avait jamais vu partir aussi tôt et avait levé le pouce en l'air en guise d'encouragement. Sa glacière sac à dos solidement arrimée, il avait roulé les vingt petites minutes qui le séparait de l'adresse envoyée par Nell. Il s'était changé au restaurant, sa chemise et son jean sentaient bon le propre, ses baskets étaient un état tout à fait acceptable pour un trajet en vélo et une soirée entre amis. Le cheesecake sans cuisson à la Ottolenghi, au miel et romarin était dans son plat en Pyrex. Le boeuf bourguignon avec un zeste de chocolat dans la sauce était dans une cocotte en fonte soigneusement fermée. Les deux étaient séparés par un torchon (propre) à carreaux, et le réalisateur Miyazaki lui-même n'aurait pas dénié la douceur qui se dégageait de ce trajet sous la lumière flatteuse de la Golden hour, dans une bonne odeur de cuisine.
En bref, Gabriel ne ressentait-il donc aucune angoisse sociale et se réjouissait-il de cette soirée.
Comme prévu selon ses calculs, il sonna à l'heure, le vélo sous le bras, la glacière sur le dos.
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« Non, j’ai pas fini ! » Menaces sourdes grondées de l’autre côté du battant, la douche allumée en fond sonore pour attester de la véracité de mes dires. Alors qu’au fond, j’aurais pu être prêt en quinze minutes à peine. Il ne faut pas plus pour tailler une barbe et enfiler une chemise… Mais tout le temps que je passe cloîtré sous le jet d’eau, c’est du temps qu’elle ne passe pas à s’apprêter pour lui.
Idée malsaine que je m’en veux d’avoir. La possessivité n’était pas censée faire partie de mes valeurs mais pourtant, je ne me suis jamais senti aussi vulnérable qu’en imaginant Janelle en préférer un autre.
Mes doutes me semblent malheureusement légitimes alors que notre invité l’a vue sous toutes ses coutures, l’a connue de plus près et surtout plus longtemps que moi… et que ça ne s’est même pas si mal fini entre eux puisqu’à peine arrivée à Los Angeles, elle pensait déjà à le revoir.
Jalousie maladive, elle pulse en moi sans discontinuer depuis l’annonce de la venue de Gabriel. Gabriel qu’elle n’appelle d’ailleurs jamais par son prénom en entier, ce ne serait pas suffisamment familier… Ce serait dommage de ne pas me rappeler à quel point ils ont pu être proches. A quel point ils le sont encore.
Mais j’ai courbé l’échine. Je me suis prêté au jeu pour ne vexer personne. J’ai même fait bonne figure, prenant soin de m’intéresser à ce gars, plus pour me renseigner sur la concurrence que par réel intérêt pour lui, mais en attendant, je me suis montré irréprochable devant Nell.
Ma seule erreur a été de m’offenser en apprenant qu’il se chargerait du repas. Blessé qu’on remette mes compétences culinaires en cause, j’ai bien été obligé d’abdiquer en apprenant sa profession.
Gabe est très sympa. Gabe cuisine formidablement bien. Gabe s’est mis au sport. Paraît même qu’il court des marathons maintenant. Ca, ce n’est pas elle qui me l’a dit, c’est moi qui l’ai trouvé tout seul en faisant des recherches. 4 heures 42 pour terminer le marathon de Los Angeles ou comment annihiler le seul avantage que j’avais sur lui.
Le pire, c’est que je ne peux même pas faire part de mes insécurités à la concernée. Elle n’aurait qu’à me rappeler que c’est mon nom qu’elle a choisi de porter et mon enfant qu’elle attend. Ce serait suffisant à me faire me sentir idiot mais insuffisant à ôter définitivement mes doutes. Parce qu’il y aura bien un moment où elle comprendra que je n’ai rien d’exceptionnel et que mon seul accomplissement a été de me faire remarquer sur un ring puis dans une cage. Que je ne suis qu’une source de problèmes, encore plus maintenant que mon nom a été associé à deux organisations criminelles… et donc forcément, le sien aussi.
Ce n’est pas “Gabe” qui la mettrait en danger comme ça. D’ailleurs paraît qu’il était du côté des “gentils”, avant qu’un regrettable accident ne le force à se reconvertir. Accident pas suffisamment regrettable à mon goût.
Mais là encore, je me suis abstenu de le dire à voix haute, tout comme je me suis abstenu d’informer ma femme de mes dernières recherches.
Le porno a eu bon dos pour justifier l’absence d’historique et l’utilisation soudaine de la navigation privée.
Jet d’eau finalement coupé sous l’insistance de la future mère, je finis par lui ouvrir la porte, la taille enroulée d’une serviette. La pauvre n’aura pas le temps de se laver les cheveux et de les sécher… Quel dommage.
Sourire en coin camouflé derrière une expression contrite, je l’abandonne à sa toilette pour enfiler ce que j’ai de plus sobre dans ma garde-robe.
Et c’est avec un timing parfait que j’achève de boutonner ma deuxième manche tandis que la sonnette retentit. « J’y vais », annoncé-je donc à la blonde, profitant de l’avoir mise en retard pour accueillir notre invité seul. Ça m'aurait crevé le cœur d’assister à leurs retrouvailles.
Ce gars me paraissait moins grand en photo mais maintenant que je l’ai en face de moi, surplombé d’une différence d’au moins dix centimètres, je me sens obligé de me tenir droit. « Salut », que je lance sans trop savoir quoi dire d’autre alors que je ne suis ni enchanté de le rencontrer, ni envieux de lui dire que Nell m’a beaucoup parlé de lui. A la place, je lui indique où ranger sa bécane, le trouvant encombrant par sa simple existence… Qui se pointe avec un vélo chez les gens, sérieux ?
Mais je force un sourire et lui propose de le débarrasser de sa glacière alors que je le conduis jusqu’à notre chez nous.
« Janelle va arriver », précisé-je sans même savoir pourquoi c’est son prénom entier qui est sorti. Probablement pour lui signifier inconsciemment que je suis la dernière personne encore autorisée à l’appeler comme ça. Et c’est avec beaucoup de raideur que je le conduis jusqu'à la cuisine pour y déposer ses plats tandis que notre bulldog se montre heureusement plus accueillant que moi.
« J’espère que t’es pas allergique aux chiens… » Ce serait tellement dommage de devoir écourter la rencontre.
« D’ailleurs, fallait vraiment pas t’embêter à cuisiner. Je ne l’aurais pas laissée te servir des nouilles instantanées », tenté-je de blaguer au prix d’un ultime effort pour ne pas l’assassiner du regard. « Mais c’est sympa de ta part. Je suis sûr qu’on va se régaler. »
Idée malsaine que je m’en veux d’avoir. La possessivité n’était pas censée faire partie de mes valeurs mais pourtant, je ne me suis jamais senti aussi vulnérable qu’en imaginant Janelle en préférer un autre.
Mes doutes me semblent malheureusement légitimes alors que notre invité l’a vue sous toutes ses coutures, l’a connue de plus près et surtout plus longtemps que moi… et que ça ne s’est même pas si mal fini entre eux puisqu’à peine arrivée à Los Angeles, elle pensait déjà à le revoir.
Jalousie maladive, elle pulse en moi sans discontinuer depuis l’annonce de la venue de Gabriel. Gabriel qu’elle n’appelle d’ailleurs jamais par son prénom en entier, ce ne serait pas suffisamment familier… Ce serait dommage de ne pas me rappeler à quel point ils ont pu être proches. A quel point ils le sont encore.
Mais j’ai courbé l’échine. Je me suis prêté au jeu pour ne vexer personne. J’ai même fait bonne figure, prenant soin de m’intéresser à ce gars, plus pour me renseigner sur la concurrence que par réel intérêt pour lui, mais en attendant, je me suis montré irréprochable devant Nell.
Ma seule erreur a été de m’offenser en apprenant qu’il se chargerait du repas. Blessé qu’on remette mes compétences culinaires en cause, j’ai bien été obligé d’abdiquer en apprenant sa profession.
Gabe est très sympa. Gabe cuisine formidablement bien. Gabe s’est mis au sport. Paraît même qu’il court des marathons maintenant. Ca, ce n’est pas elle qui me l’a dit, c’est moi qui l’ai trouvé tout seul en faisant des recherches. 4 heures 42 pour terminer le marathon de Los Angeles ou comment annihiler le seul avantage que j’avais sur lui.
Le pire, c’est que je ne peux même pas faire part de mes insécurités à la concernée. Elle n’aurait qu’à me rappeler que c’est mon nom qu’elle a choisi de porter et mon enfant qu’elle attend. Ce serait suffisant à me faire me sentir idiot mais insuffisant à ôter définitivement mes doutes. Parce qu’il y aura bien un moment où elle comprendra que je n’ai rien d’exceptionnel et que mon seul accomplissement a été de me faire remarquer sur un ring puis dans une cage. Que je ne suis qu’une source de problèmes, encore plus maintenant que mon nom a été associé à deux organisations criminelles… et donc forcément, le sien aussi.
Ce n’est pas “Gabe” qui la mettrait en danger comme ça. D’ailleurs paraît qu’il était du côté des “gentils”, avant qu’un regrettable accident ne le force à se reconvertir. Accident pas suffisamment regrettable à mon goût.
Mais là encore, je me suis abstenu de le dire à voix haute, tout comme je me suis abstenu d’informer ma femme de mes dernières recherches.
Le porno a eu bon dos pour justifier l’absence d’historique et l’utilisation soudaine de la navigation privée.
Jet d’eau finalement coupé sous l’insistance de la future mère, je finis par lui ouvrir la porte, la taille enroulée d’une serviette. La pauvre n’aura pas le temps de se laver les cheveux et de les sécher… Quel dommage.
Sourire en coin camouflé derrière une expression contrite, je l’abandonne à sa toilette pour enfiler ce que j’ai de plus sobre dans ma garde-robe.
Et c’est avec un timing parfait que j’achève de boutonner ma deuxième manche tandis que la sonnette retentit. « J’y vais », annoncé-je donc à la blonde, profitant de l’avoir mise en retard pour accueillir notre invité seul. Ça m'aurait crevé le cœur d’assister à leurs retrouvailles.
Ce gars me paraissait moins grand en photo mais maintenant que je l’ai en face de moi, surplombé d’une différence d’au moins dix centimètres, je me sens obligé de me tenir droit. « Salut », que je lance sans trop savoir quoi dire d’autre alors que je ne suis ni enchanté de le rencontrer, ni envieux de lui dire que Nell m’a beaucoup parlé de lui. A la place, je lui indique où ranger sa bécane, le trouvant encombrant par sa simple existence… Qui se pointe avec un vélo chez les gens, sérieux ?
Mais je force un sourire et lui propose de le débarrasser de sa glacière alors que je le conduis jusqu’à notre chez nous.
« Janelle va arriver », précisé-je sans même savoir pourquoi c’est son prénom entier qui est sorti. Probablement pour lui signifier inconsciemment que je suis la dernière personne encore autorisée à l’appeler comme ça. Et c’est avec beaucoup de raideur que je le conduis jusqu'à la cuisine pour y déposer ses plats tandis que notre bulldog se montre heureusement plus accueillant que moi.
« J’espère que t’es pas allergique aux chiens… » Ce serait tellement dommage de devoir écourter la rencontre.
« D’ailleurs, fallait vraiment pas t’embêter à cuisiner. Je ne l’aurais pas laissée te servir des nouilles instantanées », tenté-je de blaguer au prix d’un ultime effort pour ne pas l’assassiner du regard. « Mais c’est sympa de ta part. Je suis sûr qu’on va se régaler. »
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Al s’ennuie. Et quand Al s’ennuie, Al m’ennuie. Et quand Al m’ennuie, je suis à deux doigts de prendre le premier job qui passe sur internet pour me sortir de l’appartement. Passé l’euphorie de l’annonce de la grossesse, il s’est trouvé dévoré par l’angoisse, et rien de ce que je lui propose ne fonctionne pour changer ses idées. Il est si inquiet de m’avoir forcée à partir, d’avoir bousculé ma vie, qu’il en oublie les promesses que je lui ai réclamées. Il n’a fait que répondre à mes demandes, et loin de Cherry, je respire. Mais j’ai comme la sensation que l’air n’est pas aussi simple à capturer de son côté.
J’ai même essayé de faire à manger pour le mettre de bonne humeur, mais ça a eu l’effet inverse. Sa mère m’a conseillé un de ses plats préférés, que j’ai réussi à trouver dans un restaurant un peu niche à Los Angeles, afin de me rattraper, mais mon mari reste désespérément différent, surtout depuis que j’ai proposé qu’on invite Gabe à la maison. Je ne pensais pas que ça le dérangerait autant, après tout nous sommes mariés et je porte son enfant. Je voulais simplement qu’on se fasse des amis normaux, qu’on sorte de cette dépendance des Brims : mauvaise idée. Mais Esme est débordée, et je ne suis pas encore assez sortie pour faire de nouvelles rencontres. Je pourrais bien appeler Pippa mais… Je ne suis pas encore prête. Pas prête à la confronter, pas prête à n’être que ressentiment et colère. Pas prête à écouter ses justifications ou son ignorance. À la place, je tente de nous créer la lune de miel qui nous a été volée en faisant de chaque instant de temps libre un moment intime qui redore le sourire de mon mari, au moins quelques heures. Par chance, mon début de grossesse est facile. J’ai simplement découvert que l’odeur du vin me fait systématiquement vomir, tout comme les olives. Des aliments relativement aisés à éviter.
Les minutes passent, et je sais parfaitement ce qu’attend Al. Que je le sorte de force de cette douche. D’accord, elle est merveilleuse et spacieuse, mais dès que je mets un pied dedans quand il est encore à l’intérieur, je finis éreintée et en retard. Or, Gabe est une ponctualité rigoureuse. Opposé à mon mari par bien des points, nous avons toujours fait de meilleurs amis qu’amants. Mais il n’en reste que je n’ai pas envie de l’accueillir en chantant les louanges de mon homme sous la douche, mais plutôt avec la dignité d’une femme mariée et bientôt mère. Peu importe si je ne dupe personne, Al n’arrivera pas à me corrompre aujourd’hui.
— Je dors dans la chambre d’amis si tu te bouges pas les fesses, Forsyth. Plus t’es long, plus j’ajoute de nuits, je grogne en me déshabillant, un masque déjà posé sur mes mèches blondes pour gagner du temps. Quand enfin, il sort de la douche, j’attrape son menton avec douceur, le regard partiellement agacé. Il est impossible de rester fâché contre un apollon pareil. Tricheur. Arrête d’être jaloux, ou t’auras rien de ce que j’ai prévu pour toi ce soir. Je claque ma menace d’un baiser avant d’entrer dans la douche trempée. Je t’aime, idiot, et je ferme la porte avant qu’il n’essaie de rentrer.
J’ai du mal à comprendre ce qui l’inquiète. Je n’étais pas amoureuse de Gabriel. J’ai pensé que notre affection et nos fous rires pouvaient s’intégrer à un quotidien, j’idéalisais l’idée du couple avant de me mettre avec lui, mais j’ai vite compris qu’il était trop cadré, trop strict pour ma vie bordélique. Alby est le seul homme que je n’ai jamais aimé, il est l’évidence et je n’aurai jamais invité un ex avec qui j’ai eu une histoire sentimentale lourde. Gabe et moi, c’était simple de se dire au retour : on s’est quitté bien avant de se détester, parce qu’on a compris que quelqu’un d’autre de plus adéquat nous attendait ailleurs. On avait raison, pour moi en tout cas. Si bien que je râle en entendant Gabriel être accueilli par Alby alors que je fini mon trait d’eye-liner, encore en sous-vêtements, mes cheveux trempés réunis en une queue de cheval serrée. Je glisse mes jambes dans ma jupe cintrée, et commence à remonter la fermeture Éclair… Sans succès. Une fois. Deux fois. Celle-ci reste désespérément coincée, et je constate, mi-horrifiée, mi-ravie, que c’est mon ventre qui m’empêche de la fermer. Je ne le vois pas, mais ma tenue, oui : je suis apparemment trop épaisse pour ce bout de tissu. Pas d’autre choix que de m’échapper pour trouver autre chose à me mettre sur le dos, une robe d’été qui paraît un peu trop sage pour moi, loin de mes tenues habituelles, mais j’ai peur de subir le même traitement avec un short ou un jean… Je dévale les escaliers, un peu essoufflée, un sourire aux lèvres en reconnaissant la silhouette de mon ami. Avant d’aller le serrer dans mes bras, je passe une main rassurante sur le bras de mon mari, comme pour temporiser son regard loin d’être amical.
— Je suis si contente de te voir ! Je m’éloigne rapidement, probablement pas assez pour Alby, avant d’appuyer mon dos contre mon mari, lui laissant le loisir de m’enlacer pour montrer à mon ex que je suis son territoire. Je ne pense pas que Gabe ait besoin de ça, mais mon homme, oui. Tant pis pour le féminisme, je le range pour une nuit, afin d'éviter la guerre froide alors que je désire simplement passer une bonne soirée. Tu vas bien ? T’as l’air en forme en tout cas ! J’évite tout compliment direct sur son physique, pour calmer les flammes de l’enfer qui pulsent sous les mains de mon époux. Pourtant, Gabriel est objectivement beau garçon. Pas autant qu’Al, mais personne n’arrive à sa cheville. Mon regard se pose sur la glacière et je m’empresse de m’en occuper, en parfaite hôte que je veux paraître. Je vais ranger ça le temps qu’on fête nos retrouvailles. Faut la mettre sur le feu ? Je commence à soulever la casserole, et la nausée me frappe instantanément. Mon mouvement s’arrête alors brusquement, et je me pince les lèvres avant de relâcher le plat, sans me soucier de son état. Merde, désolée. Et je pars en courant pour vomir dans les toilettes : apparemment, j’aurais dû préciser pas de vin.
J’ai même essayé de faire à manger pour le mettre de bonne humeur, mais ça a eu l’effet inverse. Sa mère m’a conseillé un de ses plats préférés, que j’ai réussi à trouver dans un restaurant un peu niche à Los Angeles, afin de me rattraper, mais mon mari reste désespérément différent, surtout depuis que j’ai proposé qu’on invite Gabe à la maison. Je ne pensais pas que ça le dérangerait autant, après tout nous sommes mariés et je porte son enfant. Je voulais simplement qu’on se fasse des amis normaux, qu’on sorte de cette dépendance des Brims : mauvaise idée. Mais Esme est débordée, et je ne suis pas encore assez sortie pour faire de nouvelles rencontres. Je pourrais bien appeler Pippa mais… Je ne suis pas encore prête. Pas prête à la confronter, pas prête à n’être que ressentiment et colère. Pas prête à écouter ses justifications ou son ignorance. À la place, je tente de nous créer la lune de miel qui nous a été volée en faisant de chaque instant de temps libre un moment intime qui redore le sourire de mon mari, au moins quelques heures. Par chance, mon début de grossesse est facile. J’ai simplement découvert que l’odeur du vin me fait systématiquement vomir, tout comme les olives. Des aliments relativement aisés à éviter.
Les minutes passent, et je sais parfaitement ce qu’attend Al. Que je le sorte de force de cette douche. D’accord, elle est merveilleuse et spacieuse, mais dès que je mets un pied dedans quand il est encore à l’intérieur, je finis éreintée et en retard. Or, Gabe est une ponctualité rigoureuse. Opposé à mon mari par bien des points, nous avons toujours fait de meilleurs amis qu’amants. Mais il n’en reste que je n’ai pas envie de l’accueillir en chantant les louanges de mon homme sous la douche, mais plutôt avec la dignité d’une femme mariée et bientôt mère. Peu importe si je ne dupe personne, Al n’arrivera pas à me corrompre aujourd’hui.
— Je dors dans la chambre d’amis si tu te bouges pas les fesses, Forsyth. Plus t’es long, plus j’ajoute de nuits, je grogne en me déshabillant, un masque déjà posé sur mes mèches blondes pour gagner du temps. Quand enfin, il sort de la douche, j’attrape son menton avec douceur, le regard partiellement agacé. Il est impossible de rester fâché contre un apollon pareil. Tricheur. Arrête d’être jaloux, ou t’auras rien de ce que j’ai prévu pour toi ce soir. Je claque ma menace d’un baiser avant d’entrer dans la douche trempée. Je t’aime, idiot, et je ferme la porte avant qu’il n’essaie de rentrer.
J’ai du mal à comprendre ce qui l’inquiète. Je n’étais pas amoureuse de Gabriel. J’ai pensé que notre affection et nos fous rires pouvaient s’intégrer à un quotidien, j’idéalisais l’idée du couple avant de me mettre avec lui, mais j’ai vite compris qu’il était trop cadré, trop strict pour ma vie bordélique. Alby est le seul homme que je n’ai jamais aimé, il est l’évidence et je n’aurai jamais invité un ex avec qui j’ai eu une histoire sentimentale lourde. Gabe et moi, c’était simple de se dire au retour : on s’est quitté bien avant de se détester, parce qu’on a compris que quelqu’un d’autre de plus adéquat nous attendait ailleurs. On avait raison, pour moi en tout cas. Si bien que je râle en entendant Gabriel être accueilli par Alby alors que je fini mon trait d’eye-liner, encore en sous-vêtements, mes cheveux trempés réunis en une queue de cheval serrée. Je glisse mes jambes dans ma jupe cintrée, et commence à remonter la fermeture Éclair… Sans succès. Une fois. Deux fois. Celle-ci reste désespérément coincée, et je constate, mi-horrifiée, mi-ravie, que c’est mon ventre qui m’empêche de la fermer. Je ne le vois pas, mais ma tenue, oui : je suis apparemment trop épaisse pour ce bout de tissu. Pas d’autre choix que de m’échapper pour trouver autre chose à me mettre sur le dos, une robe d’été qui paraît un peu trop sage pour moi, loin de mes tenues habituelles, mais j’ai peur de subir le même traitement avec un short ou un jean… Je dévale les escaliers, un peu essoufflée, un sourire aux lèvres en reconnaissant la silhouette de mon ami. Avant d’aller le serrer dans mes bras, je passe une main rassurante sur le bras de mon mari, comme pour temporiser son regard loin d’être amical.
— Je suis si contente de te voir ! Je m’éloigne rapidement, probablement pas assez pour Alby, avant d’appuyer mon dos contre mon mari, lui laissant le loisir de m’enlacer pour montrer à mon ex que je suis son territoire. Je ne pense pas que Gabe ait besoin de ça, mais mon homme, oui. Tant pis pour le féminisme, je le range pour une nuit, afin d'éviter la guerre froide alors que je désire simplement passer une bonne soirée. Tu vas bien ? T’as l’air en forme en tout cas ! J’évite tout compliment direct sur son physique, pour calmer les flammes de l’enfer qui pulsent sous les mains de mon époux. Pourtant, Gabriel est objectivement beau garçon. Pas autant qu’Al, mais personne n’arrive à sa cheville. Mon regard se pose sur la glacière et je m’empresse de m’en occuper, en parfaite hôte que je veux paraître. Je vais ranger ça le temps qu’on fête nos retrouvailles. Faut la mettre sur le feu ? Je commence à soulever la casserole, et la nausée me frappe instantanément. Mon mouvement s’arrête alors brusquement, et je me pince les lèvres avant de relâcher le plat, sans me soucier de son état. Merde, désolée. Et je pars en courant pour vomir dans les toilettes : apparemment, j’aurais dû préciser pas de vin.
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Ce n'est pas comme si Gabriel avait un sixième sens et se doutait de quelque chose. Non, il est un peu surpris que Nell n'ouvre pas la porte et de se retrouver face à muscles-man, mais se ressaisit bien vite :
- c'est pas comme si Nell était ponctuelle
- il a fait quelques recherches sur muscles-man
- bon, il connaît son nom et son existence
- ce qui est déjà mieux que de savoir que Nell est mariée à quelqu'un (homme, femme, trentenaire fringant ou octogénaire au testament préparé)
Bien sûr, il est un peu gêné aux entournures parce qu'il découvre qu'il aurait pu plus se renseigner sur ce type. Qu'il aurait sûrement dû se renseigner plus. Qu'en une heure, il aurait déjà été mieux préparé. Mais ce n'est pas comme si Monsieur Forsyth avait des raisons de prendre la mouche pour un rien.
A part que j'ai couché avec sa femme.
J'espère qu'il a la même vision du temps qui passe.
Au pire, je passe par la fenêtre.
« Salut » « Salut, enchanté de te rencontrer !» mais Alby s'efface déjà pour l'emmener dans la pièce à vivre. Gabriel s'empresse de le suivre et range poliment son vélo, se retenant de préciser qu'il vient de passer une lingette sur les roues, hein, les bactéries et tout ça. A la place, il se désinfecte les mains au gel hydroalcoolique en suivant son hôte. « Janelle va arriver », Janelle, ok, ouais. Peut-être qu'elle préfère être appelée comme ça. « J’espère que t’es pas allergique aux chiens… » Et là, Gabriel sourit, met un genou à terre pour grattouiller ce bulldog.« Ohlalala, non, j'adore les chiens. Il s'appelle comment, d'ailleurs ? » Pour le flatter sans dire que c'est un goodboy ça, oh ouais, un goodboy, parce que quand même, le but n'est pas de faire un combat de coqs, mais Gabriel ne se sent pas suffisamment en confiance pour laisser s'exprimer ce côté de sa personnalité. « D’ailleurs, fallait vraiment pas t’embêter à cuisiner. Je ne l’aurais pas laissée te servir des nouilles instantanées; Mais c’est sympa de ta part. Je suis sûr qu’on va se régaler. »« Ah ben tu nous sauves, Nell n'était pas à proprement parler un cordon bleu quand ... », quand on faisait des galipettes. Quand on était jeunes. Quand ... Ouais, autant garder la bouche fermée. « enfin tu vois. »
Une fois arrivé dans la maison, Gabriel regarde le triangle point chaud, évier, réfrigérateur, la présence d'ingrédients à proximité, bref, ce qui le passionne dans une maison et qu'il a toujours envie de réorganiser chez autrui parce qu'on n'imagine pas l'ergonomie qu'on peut améliorer sur son tiroir à épices. Mais il se retient. Alby a quelque chose de très dissuasif.
Probablement ses gros muscles.
Heureusement, Nell arrive. Elle fait ce truc des femmes heureuses en couple, ce dont Gabriel se fiche royalement (mais elle a l'air heureuse, c'est cool).
« Je suis si contente de te voir ! Tu vas bien ? T’as l’air en forme en tout cas !»Merci, ça me fait plaisir aussi ! En plus je peux rencontrer ton mari ! « T'as changé quelque chose, récemment, non ? I »l ne saurait pas dire quoi. Sûrement sa coupe de cheveux, c'est parfois un changement majeur chez une femme. Et sûrement le gros caillou à son doigt, mais il n'a pas eu le temps de regarder sa main qu'elle s'empare de la cocotte. C'est normalement le moment où l'heureux convive ouvre le couvercle, trouve que ça sent bon et sourit. Je vais ranger ça le temps qu’on fête nos retrouvailles. Faut la mettre sur le feu ? Oui, plutôt à mijoter, et faudrait mettre le cheesecake dans le frigo ... »Merde, désolée. »
Sauf qu'elle va vomir.
« Ah. »
Un ange passe, et Gabriel verdit un peu. Le vomi, c'est quelque chose qu'il a du mal à supporter. S'il a des enfants un jour, il lui faudra travailler sur ce défaut dès le début de grossesse de sa compagne. Parce que d'entendre légèrement Nell, de savoir qu'elle vide tripes et boyaux le rend un peu nauséeux aussi.
Avant qu'Alby n'aille s'occuper de son épouse, il tente, d'une toute petite voix. « Elle a un truc avec le boeuf ? Enfin, contre le bœuf ? » et son bourguignon qui reste tristement dans la cocotte et le regarde d'un air déçu. « Elle a rien dit. »
Le bulldog doit avoir une intelligence relationnelle développée puisqu'il vient se frotter contre sa jambe en guise de consolation, tente un genre de sourire et éternue sur ses baskets.
Gabriel gagne une sous-teinte de vert.
- c'est pas comme si Nell était ponctuelle
- il a fait quelques recherches sur muscles-man
- bon, il connaît son nom et son existence
- ce qui est déjà mieux que de savoir que Nell est mariée à quelqu'un (homme, femme, trentenaire fringant ou octogénaire au testament préparé)
Bien sûr, il est un peu gêné aux entournures parce qu'il découvre qu'il aurait pu plus se renseigner sur ce type. Qu'il aurait sûrement dû se renseigner plus. Qu'en une heure, il aurait déjà été mieux préparé. Mais ce n'est pas comme si Monsieur Forsyth avait des raisons de prendre la mouche pour un rien.
A part que j'ai couché avec sa femme.
Oh, ça va, c'était y a longtemps.
J'espère qu'il a la même vision du temps qui passe.
J'avais envoyé ma géoloc à Amalia ? Oui, c'est vrai, ok, c'est bon, on retrouverait mon cadavre en quelques jours.
Au pire, je passe par la fenêtre.
Sauf si c'est du verre sécurisé.
« Salut » « Salut, enchanté de te rencontrer !» mais Alby s'efface déjà pour l'emmener dans la pièce à vivre. Gabriel s'empresse de le suivre et range poliment son vélo, se retenant de préciser qu'il vient de passer une lingette sur les roues, hein, les bactéries et tout ça. A la place, il se désinfecte les mains au gel hydroalcoolique en suivant son hôte. « Janelle va arriver », Janelle, ok, ouais. Peut-être qu'elle préfère être appelée comme ça. « J’espère que t’es pas allergique aux chiens… » Et là, Gabriel sourit, met un genou à terre pour grattouiller ce bulldog.« Ohlalala, non, j'adore les chiens. Il s'appelle comment, d'ailleurs ? » Pour le flatter sans dire que c'est un goodboy ça, oh ouais, un goodboy, parce que quand même, le but n'est pas de faire un combat de coqs, mais Gabriel ne se sent pas suffisamment en confiance pour laisser s'exprimer ce côté de sa personnalité. « D’ailleurs, fallait vraiment pas t’embêter à cuisiner. Je ne l’aurais pas laissée te servir des nouilles instantanées; Mais c’est sympa de ta part. Je suis sûr qu’on va se régaler. »« Ah ben tu nous sauves, Nell n'était pas à proprement parler un cordon bleu quand ... », quand on faisait des galipettes. Quand on était jeunes. Quand ... Ouais, autant garder la bouche fermée. « enfin tu vois. »
Une fois arrivé dans la maison, Gabriel regarde le triangle point chaud, évier, réfrigérateur, la présence d'ingrédients à proximité, bref, ce qui le passionne dans une maison et qu'il a toujours envie de réorganiser chez autrui parce qu'on n'imagine pas l'ergonomie qu'on peut améliorer sur son tiroir à épices. Mais il se retient. Alby a quelque chose de très dissuasif.
Probablement ses gros muscles.
Heureusement, Nell arrive. Elle fait ce truc des femmes heureuses en couple, ce dont Gabriel se fiche royalement (mais elle a l'air heureuse, c'est cool).
« Je suis si contente de te voir ! Tu vas bien ? T’as l’air en forme en tout cas !»Merci, ça me fait plaisir aussi ! En plus je peux rencontrer ton mari ! « T'as changé quelque chose, récemment, non ? I »l ne saurait pas dire quoi. Sûrement sa coupe de cheveux, c'est parfois un changement majeur chez une femme. Et sûrement le gros caillou à son doigt, mais il n'a pas eu le temps de regarder sa main qu'elle s'empare de la cocotte. C'est normalement le moment où l'heureux convive ouvre le couvercle, trouve que ça sent bon et sourit. Je vais ranger ça le temps qu’on fête nos retrouvailles. Faut la mettre sur le feu ? Oui, plutôt à mijoter, et faudrait mettre le cheesecake dans le frigo ... »Merde, désolée. »
Sauf qu'elle va vomir.
« Ah. »
Un ange passe, et Gabriel verdit un peu. Le vomi, c'est quelque chose qu'il a du mal à supporter. S'il a des enfants un jour, il lui faudra travailler sur ce défaut dès le début de grossesse de sa compagne. Parce que d'entendre légèrement Nell, de savoir qu'elle vide tripes et boyaux le rend un peu nauséeux aussi.
Avant qu'Alby n'aille s'occuper de son épouse, il tente, d'une toute petite voix. « Elle a un truc avec le boeuf ? Enfin, contre le bœuf ? » et son bourguignon qui reste tristement dans la cocotte et le regarde d'un air déçu. « Elle a rien dit. »
Le bulldog doit avoir une intelligence relationnelle développée puisqu'il vient se frotter contre sa jambe en guise de consolation, tente un genre de sourire et éternue sur ses baskets.
Gabriel gagne une sous-teinte de vert.
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En voyant ce qui sert de queue à Vegas remuer de gauche à droite en quémandant l’attention du nouvel arrivant, je commence presque à me détendre. J’ai la conviction idiote que les animaux sont capables de cerner les gens en quelques instants à peine et si mon bulldog approuve la présence de l’ex de Nell, c’est qu’il mérite peut-être que je lui laisse une chance.
Divisé entre ma peur de lui découvrir la moindre qualité et celle de faire une mauvaise impression devant ma femme, je me contente de prendre la temparéture en l’observant gratter le molosse derrière les oreilles – une zone stratégique que seul un véritable amoureux des chiens s’amuserait à cibler.
« On l’a appelé Vegas. Parce que… c’est là qu’on s’est mariés. » Je l’ai chuchoté, comme une confidence dont il n’aurait jamais pu se douter. Alors que quelques mois plus tôt, je n'avais pas un seul instant été gêné d’annoncer la nouvelle à mon million et demi de followers. Cherchez la logique…
Mais je tente d'endiguer le silence en me rabattant sur la casserole mystère qu’il a apportée.
Tout ça avant que je ne m’étrangle en l’écoutant évoquer son passé avec Nell en guise de réponse.
« Oui, je vois. » Même si, justement, j’aimerais ne rien voir du tout. Et surtout m’ôter de la tête l’image nauséabonde de ses mains posées sur Janelle. Janelle que je n’osais même pas regarder trop longtemps à l’époque, de peur de me montrer irrespectueux, d’outrepasser la pudeur que je m’étais moi-même imposée. Tout ça pendant que d’autres l’allongeaient sur un lit sans éprouver le moindre scrupule.
Si je n’avais pas eu le teint mat, Gabriel m’aurait probablement vu blêmir à ces pensées mais la nature étant bien faite, je n’ai qu’à sourire pour donner le change. « De toute façon, j’ai un régime tellement strict que je préfère cuisiner moi-même », ajouté-je d'ailleurs d’un ton se voulant le plus neutre possible.
Et comme si elle avait senti mes babines se retrousser, la voilà justement qui arrive, nuque dégagée alors qu’elle a relevé ses cheveux en une queue haute. Et aussitôt, mon envie de grogner s’envole en sentant sa main glisser doucement sur mon bras. L’attention est discrète mais efficace.
Malheureusement pour moi, elle est contente de le voir. Si contente, qu’elle insiste justement sur le si. Et moi ça me fait lever les yeux au ciel. Ça me rend presque aussi nauséeux qu’elle à chaque fois que j’ai eu le malheur d’acheter des olives. Mais, magicienne qu’elle est, elle ne me laisse pas le temps de pester plus d’un instant avant de se blottir contre moi, son corps parfait m’offrant le plus agréable des barrages entre Gabriel et moi.
Ce n’est pas grand-chose mais les tensions s’apaisent – de mon côté en tous cas –, et je me surprends même à trouver l’odeur de sa cuisine alléchante lorsque Nell ouvre la glacière… juste avant qu’elle ne lâche tout et s’échappe précipitamment.
« Ah. »
Nos exclamations jumelles nous poussent à nous adresser un regard. Perplexe pour sa part, désolé pour la mienne.
« Je… » L’hésitation se lit sur mes traits alors que je cherche mes mots, pas certain d’avoir le droit de révéler sa grossesse.
« C’est le premier trimestre », je finis pourtant par avouer sans me risquer à préciser davantage les choses. « Lui dis pas que je te l’ai dit. Comme c’est tout récent, elle a peur que… enfin, tu sais. » Mouvement d’épaules et soupirs, je me retiens de la rejoindre, conscient qu’à part lui tenir les cheveux, je ne serai pas plus utile que les dix fois précédentes, qu’elle me dira une fois de plus que ce n’est rien, que je dois vraiment arrêter de m’inquiéter et peut-être qu’elle trouvera même la force de me reprocher d’avoir abandonné notre pauvre invité.
« Et tu vas probablement me détester mais… je suis végétarien. » Nouveau murmure à peine audible. Nouvelle tension dans l’air. Sauf que pour une fois, je suis sincèrement désolé de ne pas me sentir capable de faire honneur à sa cuisine qui avait pourtant l’air délicieuse. « Mais je pourrai peut-être goûter les légumes ? C’est vraiment pas contre toi, mon pote. C'est juste qu'on m'a fait avaler trop de trucs douteux quand j’étais… » en prison. Non, pas sûr que ce soit une bonne idée de parler de ça. « A Bangkok. Et depuis, j’évite tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la viande. »
Sourire gêné, regard fuyant, je lui indique timidement la direction des commodités. « Je ferais mieux d’aller voir comment elle va. Fais comme chez toi, ça marche ? Si ton truc doit mijoter et tout, euh… bref, je vais pas t’apprendre comment faire fonctionner une cuisinière. Mets peut-être la hotte ? Pour l’odeur de vin. » Et je m’enfuis presque aussi vite, le laissant seul avec Vegas avant de rejoindre Nell dont la tête blonde est toujours penchée au-dessus de la cuvette. « Love ! Ça va ? »
Divisé entre ma peur de lui découvrir la moindre qualité et celle de faire une mauvaise impression devant ma femme, je me contente de prendre la temparéture en l’observant gratter le molosse derrière les oreilles – une zone stratégique que seul un véritable amoureux des chiens s’amuserait à cibler.
« On l’a appelé Vegas. Parce que… c’est là qu’on s’est mariés. » Je l’ai chuchoté, comme une confidence dont il n’aurait jamais pu se douter. Alors que quelques mois plus tôt, je n'avais pas un seul instant été gêné d’annoncer la nouvelle à mon million et demi de followers. Cherchez la logique…
Mais je tente d'endiguer le silence en me rabattant sur la casserole mystère qu’il a apportée.
Tout ça avant que je ne m’étrangle en l’écoutant évoquer son passé avec Nell en guise de réponse.
« Oui, je vois. » Même si, justement, j’aimerais ne rien voir du tout. Et surtout m’ôter de la tête l’image nauséabonde de ses mains posées sur Janelle. Janelle que je n’osais même pas regarder trop longtemps à l’époque, de peur de me montrer irrespectueux, d’outrepasser la pudeur que je m’étais moi-même imposée. Tout ça pendant que d’autres l’allongeaient sur un lit sans éprouver le moindre scrupule.
Si je n’avais pas eu le teint mat, Gabriel m’aurait probablement vu blêmir à ces pensées mais la nature étant bien faite, je n’ai qu’à sourire pour donner le change. « De toute façon, j’ai un régime tellement strict que je préfère cuisiner moi-même », ajouté-je d'ailleurs d’un ton se voulant le plus neutre possible.
Et comme si elle avait senti mes babines se retrousser, la voilà justement qui arrive, nuque dégagée alors qu’elle a relevé ses cheveux en une queue haute. Et aussitôt, mon envie de grogner s’envole en sentant sa main glisser doucement sur mon bras. L’attention est discrète mais efficace.
Malheureusement pour moi, elle est contente de le voir. Si contente, qu’elle insiste justement sur le si. Et moi ça me fait lever les yeux au ciel. Ça me rend presque aussi nauséeux qu’elle à chaque fois que j’ai eu le malheur d’acheter des olives. Mais, magicienne qu’elle est, elle ne me laisse pas le temps de pester plus d’un instant avant de se blottir contre moi, son corps parfait m’offrant le plus agréable des barrages entre Gabriel et moi.
Ce n’est pas grand-chose mais les tensions s’apaisent – de mon côté en tous cas –, et je me surprends même à trouver l’odeur de sa cuisine alléchante lorsque Nell ouvre la glacière… juste avant qu’elle ne lâche tout et s’échappe précipitamment.
« Ah. »
Nos exclamations jumelles nous poussent à nous adresser un regard. Perplexe pour sa part, désolé pour la mienne.
« Je… » L’hésitation se lit sur mes traits alors que je cherche mes mots, pas certain d’avoir le droit de révéler sa grossesse.
« C’est le premier trimestre », je finis pourtant par avouer sans me risquer à préciser davantage les choses. « Lui dis pas que je te l’ai dit. Comme c’est tout récent, elle a peur que… enfin, tu sais. » Mouvement d’épaules et soupirs, je me retiens de la rejoindre, conscient qu’à part lui tenir les cheveux, je ne serai pas plus utile que les dix fois précédentes, qu’elle me dira une fois de plus que ce n’est rien, que je dois vraiment arrêter de m’inquiéter et peut-être qu’elle trouvera même la force de me reprocher d’avoir abandonné notre pauvre invité.
« Et tu vas probablement me détester mais… je suis végétarien. » Nouveau murmure à peine audible. Nouvelle tension dans l’air. Sauf que pour une fois, je suis sincèrement désolé de ne pas me sentir capable de faire honneur à sa cuisine qui avait pourtant l’air délicieuse. « Mais je pourrai peut-être goûter les légumes ? C’est vraiment pas contre toi, mon pote. C'est juste qu'on m'a fait avaler trop de trucs douteux quand j’étais… » en prison. Non, pas sûr que ce soit une bonne idée de parler de ça. « A Bangkok. Et depuis, j’évite tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la viande. »
Sourire gêné, regard fuyant, je lui indique timidement la direction des commodités. « Je ferais mieux d’aller voir comment elle va. Fais comme chez toi, ça marche ? Si ton truc doit mijoter et tout, euh… bref, je vais pas t’apprendre comment faire fonctionner une cuisinière. Mets peut-être la hotte ? Pour l’odeur de vin. » Et je m’enfuis presque aussi vite, le laissant seul avec Vegas avant de rejoindre Nell dont la tête blonde est toujours penchée au-dessus de la cuvette. « Love ! Ça va ? »
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La grossesse n’est pas si compliquée pour le moment. J’ai beau être malade le matin, je n’ai pas à me plaindre. J’ai quelques boutons sur le visage mais Al ne les voient presque pas, je suis simplement débordée par le nombre de rendez-vous et de choses auxquelles être attentive. Alors, être malade dès l’arrivée de mon ex n’était pas dans mes plans initiaux. Notre petit miracle en a décidé autrement, me facilitant tout envie de boire du vin, de manger certains aliments, et le chef cuisinier en fait les frais. Je fais une hôte pitoyable. Ils discutent encore d’après les sons qui me parviennent de la cuisine, et je m’allonge quelques instants sur le carrelage après avoir tirer la chasse et m’être essuyé la bouche. je tend les bras vers la brosse à dents que je laisse à côté de l’évier depuis que les nausées ont commencé. Dans un effort surhumain vu mon malaise, j’arrive à prendre de quoi chasser ce mauvais souvenir, avant d’avoir encore envie de vomir quand Alby débarque.
Super soirée.
Ce n’est pas la nausée qui m’épuise le plus, mais la honte et les pensées agitées à l’idée de devoir justifier ce moment de faiblesse. Gabriel a toujours été hypocondriaque. Peut être est-il déjà dans l’escalier pour fuir notre appartement. Ca ferait tellement plaisir à Alby que ça m’agace d’office. Je me tourne lentement vers lui, le fusille du regard alors qu’il me tend un verre d’eau. Je sens les bretelles de ma robe blesser mes épaules, mes genoux tirant trop dessus, et j’ai envie de hurler. J’ai envie de pleurer. Je veux juste aller me coucher en hurlant et en pleurant.
Mon dieu. En fait, je ne porte pas un bébé dans mon ventre. Je suis le bébé.
— Non, ca va pas ! Tant pis, il a dit oui dans la chappelle, il doit supporter mon humeur exécrable alors que je commence à me brosser les dents, toujours assise sur le carrelage. Gabe a cuisiné pour nous et je me retrouve pliée en deux à cause de l’odeur du vin ! J’aurais pas du dire ce mot… J’aurais vraiment pas du dire ce mot… Mais cette fois j’arrive à me contenir. Je reprends ma respiration et je repense à cette fichue robe qui me fait mal. Et je rentre plus dans ma jupe préférée ! Je vois dans son regard qu’il ne comprend pas où je veux en venir, et ça me rend aussi triste que ça m’agace. Et je vais devoir trouver une excuse, alors que notre invité a peur des germes. Al, il a vraiment super peur de tomber malade. Genre il m’a viré de chez lui à New York parce que j’avais la grippe, je lui confie, consciente que je fais passer Gabriel pour un salaud alors qu’il a été relativement gentleman quand on a été ensemble. J’ai dû aller dormir chez une copine, je chuchote en guise de confidence. Je me redresse pour finir de laver mes dents et rincer ma bouche alors que ma tête tourne encore. Et là, il va croire que je l’ai piégé avec une gastro, et en plus je vais rien pouvoir manger ! Parce que maintenant que j’y pense, je meurs de faim, et au repas il n’y a… Il faut vraiment que j’arrête d’y penser si je veux sortir d’ici. Et je porte une robe que je déteste ! Je replace les bretelles et je la regarde avec un dégoût similaire au plat de notre invité. Je sais même pas pourquoi je l’ai encore, mais ça sera bientôt la seule chose que je pourrais porter !
J’entends du bruit dans la cuisine et je comprends que mon ex n’est pas encore parti. Cela veut dire une seule chose : il sait que ce n’est pas contagieux. Mes yeux se tournent vers mon mari et je dois me retenir de ne pas hurler quand je comprends ce qu’il a fait pour garder Gabriel ici. D’abord Pippa que je croise à la pharmacie, maintenant Gabriel ? Mon secret n’a rien d’un mystère si tout le monde l’apprend si facilement. Moi qui voulais simplement attendre d’avoir une image de notre bébé…
— Tu lui as dit, pas vrai ? Putain, Pippa et Gabriel sont les premiers à savoir qu’on va avoir un bébé, je le pousse doucement en gémissant, pour qu’il sorte de la pièce et me laisse pleurer toute seule, avant de m’arrêter brusquement. Ta mère va me tuer. Je le dévisage quelques instants, avant de voir un rictus mauvais se dessiner sur mes lèvres. Non, ta mère va te tuer et je vais élever ce bébé toute seule. Mes petits poings cognent le torse inflexible de mon mari. Bon sang, comment est-il possible d’être musclé sur les pectoraux ? Cette simple pensée fait passer ma frappe en une caresse, mes doigts se faufilant à travers un bouton de sa chemise pour sentir sa peau sous mes doigts. Voila. Ca, ça me calme. Un bouffée d’air avant de reprendre mon calme. Tu veux bien lui demander de brûler cette casserole ? Ma voix se fait mielleuse, plus tendre, plus apaisée, sans savoir comment je suis arrivée si aisément à cette sensation. Ou, je sais pas, qu’il la jette et foute la poubelle dans l’espace, mais je vais pas tenir… Je pose un baiser sur sa joue et ferme la porte pour profiter d’un instant seul pendant que je le laisse gérer notre invité.
Si on résume la situation, cette entrée est digne d’une catastrophe. Mais peut-on faire vraiment pire ? La loi de Murphy est vraiment puissante en ce moment, si quelques éclaircies nous aident à envisager le futur avec bonheur, je déplore quand même les troncs d’arbres qui sont semés sur notre chemin. Visage à peu près humain, je me dirige dans la cuisine, les doigts que je serre en confrontant le regard encore surpris de Gabriel. Au moins, je n’ai pas vomi sur Pippa. Peut être que j’aurais dû, à bien y réfléchir…
— Je suis vraiment, vraiment désolée, Gabe. Surprise ? Je tente avec un petit sourire. Si tu veux partir, je comprendrai sincèrement. Et je chasse Al de ma vision qui hoche la tête. S’il continue, il perdra toutes ses chances d’user de cette queue de cheval.
Super soirée.
Ce n’est pas la nausée qui m’épuise le plus, mais la honte et les pensées agitées à l’idée de devoir justifier ce moment de faiblesse. Gabriel a toujours été hypocondriaque. Peut être est-il déjà dans l’escalier pour fuir notre appartement. Ca ferait tellement plaisir à Alby que ça m’agace d’office. Je me tourne lentement vers lui, le fusille du regard alors qu’il me tend un verre d’eau. Je sens les bretelles de ma robe blesser mes épaules, mes genoux tirant trop dessus, et j’ai envie de hurler. J’ai envie de pleurer. Je veux juste aller me coucher en hurlant et en pleurant.
Mon dieu. En fait, je ne porte pas un bébé dans mon ventre. Je suis le bébé.
— Non, ca va pas ! Tant pis, il a dit oui dans la chappelle, il doit supporter mon humeur exécrable alors que je commence à me brosser les dents, toujours assise sur le carrelage. Gabe a cuisiné pour nous et je me retrouve pliée en deux à cause de l’odeur du vin ! J’aurais pas du dire ce mot… J’aurais vraiment pas du dire ce mot… Mais cette fois j’arrive à me contenir. Je reprends ma respiration et je repense à cette fichue robe qui me fait mal. Et je rentre plus dans ma jupe préférée ! Je vois dans son regard qu’il ne comprend pas où je veux en venir, et ça me rend aussi triste que ça m’agace. Et je vais devoir trouver une excuse, alors que notre invité a peur des germes. Al, il a vraiment super peur de tomber malade. Genre il m’a viré de chez lui à New York parce que j’avais la grippe, je lui confie, consciente que je fais passer Gabriel pour un salaud alors qu’il a été relativement gentleman quand on a été ensemble. J’ai dû aller dormir chez une copine, je chuchote en guise de confidence. Je me redresse pour finir de laver mes dents et rincer ma bouche alors que ma tête tourne encore. Et là, il va croire que je l’ai piégé avec une gastro, et en plus je vais rien pouvoir manger ! Parce que maintenant que j’y pense, je meurs de faim, et au repas il n’y a… Il faut vraiment que j’arrête d’y penser si je veux sortir d’ici. Et je porte une robe que je déteste ! Je replace les bretelles et je la regarde avec un dégoût similaire au plat de notre invité. Je sais même pas pourquoi je l’ai encore, mais ça sera bientôt la seule chose que je pourrais porter !
J’entends du bruit dans la cuisine et je comprends que mon ex n’est pas encore parti. Cela veut dire une seule chose : il sait que ce n’est pas contagieux. Mes yeux se tournent vers mon mari et je dois me retenir de ne pas hurler quand je comprends ce qu’il a fait pour garder Gabriel ici. D’abord Pippa que je croise à la pharmacie, maintenant Gabriel ? Mon secret n’a rien d’un mystère si tout le monde l’apprend si facilement. Moi qui voulais simplement attendre d’avoir une image de notre bébé…
— Tu lui as dit, pas vrai ? Putain, Pippa et Gabriel sont les premiers à savoir qu’on va avoir un bébé, je le pousse doucement en gémissant, pour qu’il sorte de la pièce et me laisse pleurer toute seule, avant de m’arrêter brusquement. Ta mère va me tuer. Je le dévisage quelques instants, avant de voir un rictus mauvais se dessiner sur mes lèvres. Non, ta mère va te tuer et je vais élever ce bébé toute seule. Mes petits poings cognent le torse inflexible de mon mari. Bon sang, comment est-il possible d’être musclé sur les pectoraux ? Cette simple pensée fait passer ma frappe en une caresse, mes doigts se faufilant à travers un bouton de sa chemise pour sentir sa peau sous mes doigts. Voila. Ca, ça me calme. Un bouffée d’air avant de reprendre mon calme. Tu veux bien lui demander de brûler cette casserole ? Ma voix se fait mielleuse, plus tendre, plus apaisée, sans savoir comment je suis arrivée si aisément à cette sensation. Ou, je sais pas, qu’il la jette et foute la poubelle dans l’espace, mais je vais pas tenir… Je pose un baiser sur sa joue et ferme la porte pour profiter d’un instant seul pendant que je le laisse gérer notre invité.
Si on résume la situation, cette entrée est digne d’une catastrophe. Mais peut-on faire vraiment pire ? La loi de Murphy est vraiment puissante en ce moment, si quelques éclaircies nous aident à envisager le futur avec bonheur, je déplore quand même les troncs d’arbres qui sont semés sur notre chemin. Visage à peu près humain, je me dirige dans la cuisine, les doigts que je serre en confrontant le regard encore surpris de Gabriel. Au moins, je n’ai pas vomi sur Pippa. Peut être que j’aurais dû, à bien y réfléchir…
— Je suis vraiment, vraiment désolée, Gabe. Surprise ? Je tente avec un petit sourire. Si tu veux partir, je comprendrai sincèrement. Et je chasse Al de ma vision qui hoche la tête. S’il continue, il perdra toutes ses chances d’user de cette queue de cheval.
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Débit de paroles quasi impossible à suivre et yeux brillants, ça sent la crise de nerfs. Probablement de larmes aussi mais je commence à savoir gérer à force d’y être confronté.
« Baby, on pouvait pas savoir qu’il y aurait du vin dans le plat. Ni qu’il y aurait de la viande… Il a vraiment tout foiré, le pauvre », je tente de blaguer un peu même si je sais d’avance qu’elle ne rira pas. Parce que dans ces cas-là, il n’y a rien à lui dire pour la calmer, il faut seulement que je l’écoute. D’ailleurs je le lui prouve en prenant néanmoins la peine de réagir à chacune de ses lamentations, aussi vaines soient mes réponses.
« Et c’est bon signe que tu ne rentres plus dans ta jupe. Ça veut dire que le bébé va bien. » Mais le sujet est aussitôt balayé, remplacé par quelques précisions sur notre invité que j’aurais préféré ne pas apprendre. « Attends… Tu t’inquiètes vraiment de vexer un type qui t’a dégagée pour une grippe ? Putain, ce batard aurait mérité que tu vomisses directement dans sa casserole, j’halucine », ronchonné-je à mon tour, aussi excédé qu’elle mais pour des raisons parfaitement différentes.
Je savais que faire venir ce gars était la pire idée du monde. Tout ça parce que je n’ai pas osé contredire une femme enceinte mais voilà où ça nous a menés.
« Babe, on s’en branle de son plat, ok ? Et on s’en branle de son avis. S’il se vexe pour ça, c’est qu’il n’en vaut pas la peine », je finis par conclure en essayant de l’attirer à moi. « Puis on ira t’acheter des nouvelles fringues, la semaine prochaine d’accord ? Et si tu trouves ta robe moche à ce point, je me ferai une priorité de te l’enlever dès qu’il sera parti. »
Persuadé que je suis sorti d’affaire, je m’apprête à l'entraîner avec moi jusqu’à la cuisine avant qu’elle ne se raidisse d’un coup en réalisant que Gabe n'est toujours pas parti.
« Ouais ben si j’avais su qu’il avait peur des germes, je lui aurais dit que t’avais la gastro », que je recommence à grogner sans vraiment réaliser ce qu’il y a de grave à partager la nouvelle. Mais elle a raison, si ma mère apprend qu’elle n’a été que la troisième personne mise au courant, ça risque de terminer en bain de sang. « T’inquiète, on appellera nos parents direct après l’échographie, non ? Ils ont pas besoin de savoir que ton ex hypocondriaque était au courant avant eux… Allez, viens, babe, faut qu’on y retourne avant qu’il fasse une attaque en voyant une trace de doigt sur le four. »
Et pour mieux l’en convaincre, j’attrape ses poings serrés entre mes mains et la déséquilibre juste ce qu’il faut pour qu’elle atterrisse entre mes bras. « Ça va aller, je gère la casserole. Et toi, t’es parfaite, même dans cette robe. »
Partant en éclaireur, je la laisse derrière moi pour retrouver Gabriel dont la mine s’est cruellement assombrie. On ne peut pas dire que les présentations se soient bien passées ni que les retrouvailles avec Nell aient été franchement meilleures mais il est toujours là, fidèle au poste. Vraisemblablement dévasté d’avoir merdé dans son choix de recette.
« C’est bon, elle arrive. Les hormones, tout ça… » lancé-je en guise de justification, reconnaissant qu’il ait fait disparaître de la casserole de ma vue.
« Baby, on pouvait pas savoir qu’il y aurait du vin dans le plat. Ni qu’il y aurait de la viande… Il a vraiment tout foiré, le pauvre », je tente de blaguer un peu même si je sais d’avance qu’elle ne rira pas. Parce que dans ces cas-là, il n’y a rien à lui dire pour la calmer, il faut seulement que je l’écoute. D’ailleurs je le lui prouve en prenant néanmoins la peine de réagir à chacune de ses lamentations, aussi vaines soient mes réponses.
« Et c’est bon signe que tu ne rentres plus dans ta jupe. Ça veut dire que le bébé va bien. » Mais le sujet est aussitôt balayé, remplacé par quelques précisions sur notre invité que j’aurais préféré ne pas apprendre. « Attends… Tu t’inquiètes vraiment de vexer un type qui t’a dégagée pour une grippe ? Putain, ce batard aurait mérité que tu vomisses directement dans sa casserole, j’halucine », ronchonné-je à mon tour, aussi excédé qu’elle mais pour des raisons parfaitement différentes.
Je savais que faire venir ce gars était la pire idée du monde. Tout ça parce que je n’ai pas osé contredire une femme enceinte mais voilà où ça nous a menés.
« Babe, on s’en branle de son plat, ok ? Et on s’en branle de son avis. S’il se vexe pour ça, c’est qu’il n’en vaut pas la peine », je finis par conclure en essayant de l’attirer à moi. « Puis on ira t’acheter des nouvelles fringues, la semaine prochaine d’accord ? Et si tu trouves ta robe moche à ce point, je me ferai une priorité de te l’enlever dès qu’il sera parti. »
Persuadé que je suis sorti d’affaire, je m’apprête à l'entraîner avec moi jusqu’à la cuisine avant qu’elle ne se raidisse d’un coup en réalisant que Gabe n'est toujours pas parti.
« Ouais ben si j’avais su qu’il avait peur des germes, je lui aurais dit que t’avais la gastro », que je recommence à grogner sans vraiment réaliser ce qu’il y a de grave à partager la nouvelle. Mais elle a raison, si ma mère apprend qu’elle n’a été que la troisième personne mise au courant, ça risque de terminer en bain de sang. « T’inquiète, on appellera nos parents direct après l’échographie, non ? Ils ont pas besoin de savoir que ton ex hypocondriaque était au courant avant eux… Allez, viens, babe, faut qu’on y retourne avant qu’il fasse une attaque en voyant une trace de doigt sur le four. »
Et pour mieux l’en convaincre, j’attrape ses poings serrés entre mes mains et la déséquilibre juste ce qu’il faut pour qu’elle atterrisse entre mes bras. « Ça va aller, je gère la casserole. Et toi, t’es parfaite, même dans cette robe. »
Partant en éclaireur, je la laisse derrière moi pour retrouver Gabriel dont la mine s’est cruellement assombrie. On ne peut pas dire que les présentations se soient bien passées ni que les retrouvailles avec Nell aient été franchement meilleures mais il est toujours là, fidèle au poste. Vraisemblablement dévasté d’avoir merdé dans son choix de recette.
« C’est bon, elle arrive. Les hormones, tout ça… » lancé-je en guise de justification, reconnaissant qu’il ait fait disparaître de la casserole de ma vue.
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